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LANCIA, PAS QUE
DES VOITURES
Pendant des décennies, Lancia a produit non
seulement des
voitures, mais aussi des camions. Le
début s'est fait avec un petit camion réalisé en 1911 sur le châssis de la
voiture Eta. Mais le premier véritable véhicule industriel, le camion léger
1Z, voit le jour l'année suivante. Il est équipé d'un puissant moteur 5
litres à quatre cylindres de 70 ch. L'armée s'en sert avec succès pendant la
guerre de Libye : ces camions sont très performants sur les dures pistes
africaines. Du camion est issue la Thêta, voiture de grand luxe, considérée
à l'époque comme l'une des meilleures
automobiles au monde, ce qui en dit long sur la qualité
des camions Lancia. Largement utilisé pendant
la guerre de 1914-18, le 1Z est épaulé, peu avant et pendant le conflit, par
les modèles "Jota" et "Djota".
La paix revenue, les constructeurs italiens ont quelques difficultés. Les
commandes militaires n'existent plus et dans le commerce civil, les
transports lourds sur route sont à leurs premiers balbutiements. Vincenzo
Lancia croit en l'avenir des véhicules
industriels et déjà en 1921, des ateliers de
Via Monginevro, à Turin, sortent les modèles "Trjota" et "Tetrajota".
Ce sont des châssis qui sont équipés par
l'industrie spécialisée pour les transformer en camions, autocars pour le
tourisme et autobus de ligne. Equipés du moteur à quatre cylindres qui
équipe aussi les voitures "Kappa" et "Dikappa",
ces deux châssis sont si bien réussis et si performants
que les commandes pleuvent même de
l'étranger. Entre temps, en Italie, favorisée par l'amélioration du réseau
routier, l'importance des transports lourds
s'accroît considérablement. Désormais, il est nécessaire de disposer de
camions plus maniables et avec des charges
utiles accrues. Ainsi, en 1924, Lancia entame le développement d'un nouveau
camion, destiné à devenir célèbre : le "Pentajota". Avec un empattement de
4,31 m, un volume utile de 7,77 m2 et une charge utile de 53 quintaux, il
peut être considéré comme l'un des premiers
véritables géants de la route. Aux besoins du transport de marchandises
s'ajoutent ceux du transport de personnes. A la demande de la Mairie de
Milan, qui désire des autobus urbains capable
de transporter un grand nombre de passagers, Lancia met au point le châssis
"Esajota". Idée géniale qui, en avance sur son temps, anticipe les exigences
techniques du futur. Les techniciens Lancia l'ont muni de longerons qui
permettent d'abaisser la garde au sol du plancher. Malheureusement, ce
véhicule est pénalisé par un moteur peu puissant, le même
que celui utilisé pendant la guerre. Ce
moteur est adopté par le camion "Eptajota" conçu en 1927.


Toujours en 1927, Lancia lancé le projet d'un châssis complètement novateur
affichant des caractéristiques très modernes et
destiné à être transformé en autobus pour les services urbains et interurbains :
T'Omicron". Equipé d'un moteur à six cylindres en ligne de 7060 cm3 et 91,5 ch,
nOmicron" comporte des soupapes en tête,
directement commandées par deux arbres à cames, un pont arrière porteur et le
plancher surbaissé. Réalisé en deux versions (courte et longue), T'Omicron"
remporte un vif succès.
Bon nombre de ces autobus adoptés par la société des
transports urbains de Rome sont restés en service sur
des distances astronomiques (plus de 2 millions de kilomètres), tout en
donnant entière satisfaction aux employés et aux usagers. Un détail curieux,
T'Omicron" en version wagon-lit sillonne le désert du Sahara entre l'Algérie et
le Soudan français.
Puis, pour ce modèle, Lancia met au point un moteur Diesel 7 litres à cinq
cylindres de 93 ch. C'est une alternative au gros moteur essence qui, malgré la
robustesse de T'Omicron", pénalise les coûts d'exploitation.
Nous sommes dans les années 1930 et Lancia achète à la société Junkers
(Allemagne) la licence de fabrication d'un autre moteur Diesel. Il s'agit d'un
propulseur bi-cylindre à deux temps, avec deux pistons opposés par cylindre, qui
équipe le nouveau camion "Ro". Le modèle, fabriqué en quatre versions (deux
civiles et deux militaires), est épaulé en 1935 par le "Ro-Ro" et en 1938 par le
"3Ro" avec moteur Diesel à cinq cylindres.





La production de camions Lancia se
poursuit avec PEsatau et l'Esadelta, pour se conclure en 1969 avec l'Esagamma.
Ces véhicules sont considérés les "Rolls Royce" du transport industriel.





Les véhicules militaires
Le premier véhicule militaire fabriqué par Vincenzo Lancia voit le jour en 1912.
Il s'agit d'un camion avec une charge utile de 22 quintaux,
que l'état-major de l'Armée utilise avec succès
dans la campagne de Libye. Il s'appelle "1Z", est équipé du moteur de la fameuse
"25-35 HP" et atteint une vitesse de pointe de 60 km/h.

Trois ans plus tard, l'Italie entre en guerre et parmi les camions qui
transportent hommes, canons et ravitaillements sur la ligne du Piave, nous
trouvons non seulement le "1Z", mais aussi deux autres modèles Lancia : "Jota"
et "Diota". Ils sont équipés d'un moteur à quatre cylindres de 4940 cm3 et 70 ch,
mais leur charge utile est portée à 24 quintaux et leurs châssis sont différents
: plus long pour le premier, plus court pour le second.
Ce ne sont pas les seuls véhicules Lancia qui,
dans les trois années de la Première Guerre Mondiale, revêtent l'uniforme
gris-vert. La Thêta continue à être construite pour le haut commandement
militaire ; sur la base des châssis
des "Jota", "Djota" et "1Z", la société Ansaldo
réalise des tracteurs pour l'attelage
d'artilleries, des chars pour le transport,
des ambulances et des
blindés armés. Bon nombre de ces unités, souvent du type "Jota", sont adoptées
aussi par les armées alliées.
Mais le véritable succès dans le domaine des
véhicules militaires arrive dans les années 1930, grâce à l'affirmation du
moteur Diesel. Un propulseur de ce type, à deux cylindres et deux temps, équipe
le camion "Ro", produit pour l'armée en deux versions qui se différencient par
l'empattement et la charge utile. Une des
versions peut transporter 54 quintaux, tout comme le "Ro MB", version
exclusivement militaire, développée pour la campagne d'Ethiopie et équipée d'un
moteur à quatre cylindres du type Otto. Fabriqué à environ 600 unités, le "Ro"
demeure un fidèle compagnon des troupes
italiennes jusqu'en 1936, lorsqu'il sort de production.
Entre-temps, Le développement technique et le rendement
des moteurs Diesel se sont nettement améliorés. Pompes et injecteurs ont
été perfectionnés, les chambres de combustion ont une forme plus rationnelle et
on commence à expérimenter les chambres de pré-allumage. Par conséquent, Lancia
abandonne le moteur à deux temps en faveur du moteur à quatre temps, plus
simple. C'est ainsi que naît le "3 Ro", équipé
d'un moteur original à cinq cylindres en ligne de 6875 cm3 et 93 ch. e camion
est construit pour l'armée en deux versions, le MNSP et le MNP, toutes deux avec
boîte de vitesses à huit rapports et pont arrière à demi-arbres porteurs.
Au cours de la Deuxième Guerre Mondiale, le Lancia "3 Ro" est aux côtés
des soldats italiens en Russie et Afrique, où il
fait preuve d'une polyvalence et d'une fiabilités exemplaires, y compris dans la
version "autocanon", qui monte une pièce d'artillerie de 90 mm. A partir de
1943, aux versions Diesel s'ajoute T'EsaRo", équipé d'un moteur à essence de 80
ch, fabriqué à 400 unités.
En 1941, le Ministère de la Guerre demande à Lancia de développer un châssis
spécial pour les véhicules blindés. C'est ainsi que
naît le Lince, dont le blindage en acier (14 à 30 mm d'épaisseur) dissimule un
moteur de 60 ch dénommé "type 91", évolution directe du moteur à 8 cylindres en
"V" étroit de l'Astura 1ère série. La transmission est sur les quatre roues, les
suspensions sont entièrement indépendantes et la vitesse de pointe atteint 90
km/h. Le Lince, qui introduit des solutions
géniales au niveau de la boîte de vitesse et de la direction (quatre roues
directrices), est produit à 250 unités.
Toujours destiné aux utilisations militaires, rappelons également le moteur
d'avion réalisé en 1915 : 25.000 cm3, douze cylindres en "V" de 45°, double
allumage pour chaque cylindre et 350 ch. Il a équipé les chasseurs Caproni au
cours de la Première Guerre Mondiale.
Autres dérivés Lancia













Merci à Laurent Formery pour ses
nombreuses recherches |