Nous sommes en 1947. La guerre est
finie depuis deux ans, mais ses cicatrices son encore bien visibles
en Italie. Le pays manque cruellement de routes, de ponts et de
lignes ferroviaires. Le pain et le charbon sont rationnés. Mais
l'envie de recommencer à vivre est plus forte que tout. Les rênes de
Lancia sont passées dans les mains de Gianni Lancia, secondé par sa
mère Adèle. Le fils du fondateur, alors âgé de 23 ans, est un jeune
ingénieur exubérant et très sportif.
La production de la Marque est basée sur l'Aprilia et l'Ardea. Ces
modèles d'avant-guerre sont toujours très appréciées par leurs
performances et leur élégance. A tel point que l'on envisage de
réaliser une nouvelle version de l'Aprilia, avec une carrosserie
plus moderne. Mais Gianni Lancia n'est pas du même avis. Il pense à
l'avenir et confie à son directeur technique, Vittorio Jano, la
mission de développer un nouveau modèle, plus grand que l'Aprilia,
garantissant une tenue de route sans faille et équipé d'un nouveau
moteur à six cylindres en "V", testé depuis 1943 par l'ingénieur
Giuseppe De Virgilio.
Lancia Aurelia B10
Présentée au Salon de Turin de 1950, l'Aurelia B10 est aussi
innovante que l'avaient été à leur époque la Lambda et l'Aprilia.
Sous une carrosserie sobre et élégante, dominée à l'avant par
l'écusson Lancia, se cache un moteur à six cylindres en "V" de 60°
(le premier au monde fabriqué en série), associé à un schéma de
transmission révolutionnaire. Pour assurer une meilleure répartition
des poids, Jano a logé le groupe embrayage-boîte à l'arrière, où il
fait corps unique avec le différentiel. Cette solution sera par la
suite adoptée par Ferrari, Alfa Roméo et Porsche. Autres
particularités du moteur de l'Aurelia B10, le corps en aluminium
moulé en coquille et les chemises des cylindres en fonte
remplaçables, au contact de l'eau de refroidissement. Le circuit de
refroidissement comporte deux thermostats : l'un sur la
canalisation, pour régler la circulation de l'eau, et l'autre sur le
radiateur, pour commander la vanne régulatrice du débit d'air.
L'arbre à cames est commandé par une chaîne à doubles galets, dotée
d'un tendeur hydraulique qui fait l'objet d'un brevet Lancia.
Equipée du moteur à six cylindres de 1754 cm3 et 56 ch, la voiture
atteint une vitesse de pointe de 135 km/h.
Présentée en mai 1950, l'Aurelia remporte un succès immédiat. Le
regret pour la fin de carrière de la très appréciée Aprilia est
bientôt effacé. Les premiers clients qui essaient la B10 se rendent
compte tout de suite de la différence. La nouvelle Lancia reprend
certes le style, l'esprit et les performances des modèles
précédents, mais avec une allure beaucoup plus actuelle. L'Aurelia
B10 est une voiture plus évoluée sur le plan conceptuel et des
détails, en phase avec les nouvelles exigences dictées par le
progrès. En 1951, la B10 voit arriver la B21, équipée d'un moteur 2
litres de 69,5 ch, qui permet d'atteindre une vitesse de pointe de
145 km/h. Quatre B21 semi-officielles se classent aux quatre
premières places du classement du Tour de Sicile : c'est le début de
l'épopée sportive de Lancia. Peu de temps après, c'est au tour de l'Aurelia
Gran Turismo B20, un élégant coupé 2+2 équipé d'un moteur à six
cylindres en "V" de 60°.
Lancia Aurelia B21
Lancia Aurelia B20 et GT
B20
Deux ans plus tard, Lancia présente la GT2500 B20, qui atteint 185
km/h. La B20 collectionne les succès : du Rallye de Monte-Carlo aux
24 Heures du Mans. Il s'agit surtout de la première voiture Grand
Tourisme proprement dite, qui conjugue des performances élevées avec
un confort digne d'une voiture de luxe. Tout le beau monde des
années 50 se retrouve au volant de la B20 : de Gary Cooper au prince
Rainier de Monaco.
En 1954, Lancia présente l'Aurelia GT 2500 spider B24, dont la
carrosserie est dessinée par Pinin Farina. Une voiture de rêve,
destinée à rester un exemple inégalé de beauté et de style.
Lancia Aurelia B24 GT2500
Spider et Convertible
Productions
Lancia Aurelia B10
Type Berline, 1754cc, 56 CV à 4000 trs/min, produites de 1950 à
1953, 5451 exemplaires
Lancia Aurelia B21
Type Berline, 1991cc, 70 CV à 4800 trs/min, produites de 1951 à
1953, 3780 exemplaires
Lancia Aurelia B15
Type Berline, 1991cc, 64 CV à 4000 trs/min, produites de 1952 à
1953, 81 exemplaires
Lancia Aurelia B22
Type Berline, 1991cc, 90 CV à 5000 trs/min, produites de 1952 à
1953, 1074 exemplaires
Lancia Aurelia B50
Type Chassis, 1754cc, 56 CV à 4000 trs/min, produites de 1950 à
1951, 484 exemplaires
Lancia Aurelia B51
Type Chassis, 1754cc, 56 CV à 4000 trs/min, produites de 1950 à
1951, 99 exemplaires
Lancia Aurelia B201
Type Coupé, 1991cc, 80 CV à 5000trs/min, produites de 1951 à 1953,
731 exemplaires
Lancia Aurelia B12
Type Berline, 2266cc, 87 CV à 4800 trs/min, produites de 1954 à
1955, 2400 exemplaires
Lancia Aurelia B202
Type Coupé, 2451cc, 118 CV à 5300 trs/min, produites de 1953 à 1958,
3141 exemplaires
Lancia Aurelia B241
Type Spider, 2451cc, 118 CV à 5300 trs/min, produites de 1954 à
1955, 240 exemplaires
Lancia Aurelia B242
Type Convertibile, 2451cc, 110 CV à 5000 trs/min, produites de 1956
à 1958, 521 exemplaires
Lancia Aurelia B52
Type Chassis, 1991cc, 70 CV à 4800 trs/min, produites de 1952 à
1953, 98 exemplaires
Lancia Aurelia B53
Type Chassis, 1991cc, 70 CV à 4800 trs/min, produites de 1952 à
1953, 86 exemplaires
Lancia Aurelia B55
Type Chassis, 2266cc, 87 CV à 4800trs/min, produites en 1955, 6
exemplaires
Lancia Aurelia B56
Type Chassis, 2266cc, 87 CV à 4800 trs/min, produites en 1955, 5
exemplaires
Suite de l'article |