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Alfa 6
par Psal24

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Une réplique aux berlines allemandes :
A la fin des années 70, les berlines allemandes sont en passe de
devenir le top des grandes berlines routières sur les autoroutes
européennes. Alfa Roméo se doit de réagir et proposer une telle
berline dans sa gamme car ces salons roulant son de très bons vecteurs
d’images pour le reste de la gamme. Ces années vont être mises à
profit pour étudier une grande berline luxueuse, sorte de grande
routière mangeuse d’autoroute. Ces grandes volontés sont se heurter à
des grandes difficultés et la grande berline Alfa, connu sous le code
projet 119 en interne, va souffrir sérieusement. Les années 70 vont
être celles des crises de l’énergie. Le prix du pétrole et donc du
carburant à la pompe, coupe l’herbe sous le pied de nombreuses grosses
voitures aux cylindrées importes qui dévorent les routes à grands
coups de passage chez les pompistes. D’un autre coté, Alfa Roméo ne va
pas très bien et les caisses commencent à se vider sérieusement. Les
problèmes de fiabilité électrique et de rouille pèsent sur la marque
qui n’arrive plus à se sortir d’un cercle vicieux de mauvaise
réputation tout en produisant des autos très séduisantes. Le projet
119 trouve son début d’étude dans l’année 1968 afin de remplacer les
anciens haut de gamme 2600 à moteurs 6 cylindres en ligne qui étaient
arrivés en bout de course.

Voiture de luxe et petit budget
d’étude :
Afin de concevoir sa nouvelle grande berline de luxe, Alfa va piocher
avec abondance dans sa propre banque d’organe et utiliser au maximum
ce qu’elle produit déjà. La base n’est pas une inconnue puisque la
familiale Alfetta va donner son châssis. Sa cellule centrale sera
intégralement conservée. L’avant et l’arrière de cette Alfetta vont
être traités aux hormones de croissance afin de donner un volume de
coffre plus important et laisser plus de place sous le capot moteur
pour des motorisations plus hautes que celle de la simple familiale.

Si on remonte à la genèse de cette grande berline, on se rend compte
qu’en fait, l’utilisation de la base de l’Alfetta était prévu dès le
début du projet 119 en 1968. Toutefois la disposition transaxle de l’Alfetta
n’est pas entièrement reprise et, alors que l’Alfetta était prévue
pour une motorisation maximale de 2,0l, afin d’assurer un vrai haut de
gamme, il a fallut revoir la copie niveau moteur. En effet, le projet
119 incluait une évolution en 2,2l des 4 cylindres en ligne maison
mais cette cylindrée fut vite jugée un peu trop légère et un nouveau
moteur est mis en chantier.
Le projet 119 est prêt à sortir des cartons et a être industrialisé en
1974. Or, la première crise de l’énergie, la guerre du Kipour, ont
ajournés cette sortie. Ceci est sans compter le climat social très
pesant chez Alfa Roméo où des grèves très dures touchent la production
de plein fouet. L’Alfa 6 va souffrir de ce retard en gardant un style
un peu lourd et dépassé à sa sortie qui sent bon… les années passées !
Le projet avance à présent au ralenti après avoir été mis en sommeil
durant 2 ans. Durant les années 1977/78, quelques prototypes
définitifs tournent afin de valider définitivement la mise en
production de la grande berline 6. Le nom est directement inspiré par
la motorisation 6 cylindres de cette berline.
La parenté avec l’Alfetta est indéniable de profil où on sent
immédiatement qu’on a tiré sur les extrémités d’une berline familiale
pour en faire une limousine plus longue. Cette grande sœur de l’Alfetta
va prendre rapidement le surnom d’Alfona. Toutefois, la plate forme de
l’Alfetta subit de gros changements et améliorations. Ainsi, les
réglages de suspensions sont spécifiques tout comme la crémaillère de
direction, l’assistance de freinage ou encore le différentiel
autobloquant.
Ce style un peu désuet a le mérite d’être relativement discret dans le
paysage automobile de l’époque et c’est presque une qualité nécessaire
pour des autos de cette taille et de ce prix. Il faut voyager
anonymement dans cette gamme alors qu’Alfa sait réveiller les sens en
commençant par la vues tant le design extérieur est une composante
majeure du constructeur italien. Les dimensions de cette berline sont
: 4,76m de longueur sur 1,68m de large pour une hauteur de 1,39m.
L’empattement est de 2,6m.
Le moteur doit être haut de gamme, avoir l’esprit sportif, être une
bête de petites routes et mangeur d’autoroutes, avoir un velouté, un
bruit et une puissance en rapport avec le très haut de gamme. Le choix
est très vite arrêté sur un nouveau 6 cylindres en V afin de remplacer
les 2600 cc. Le v8 de la Montréal n’est pas retenu pour des raisons de
compacité d’une part et de fiabilité d’autre part. Le moteur est signé
par Giuseppe Frappé et est validé pendant l’année 1971.

Chaîne de production
Le résultat est un 6 cylindres en V ouvert à 60° pour une cylindrée de
2492 cc. Il est prévu pour être placé de façon longitudinale sous le
capot. L’alimentation est confié à 6 carburateur simple corps... un
par cylindre. Chaque banc de cylindres à droit à son arbre à cames en
tête entraînée par une courroie dentée. Ce moteur, dans cette
configuration est donné pour une puissance de 156 ch avec un couple
maxi de 22,4 m/kg à 4000 tours/m. On retrouvera ce moteur durant des
années sous les capots d’autres Alfa durant les années à venir car il
a été décliné en différentes cylindrées.
Les premiers tests de ce nouveau moteur sont effectués durant l’année
1969. Sur les bancs d’essais, une version à injection est étudiée mais
laissée de coté au profit des carburateurs.

V6
Les boites de vitesses associées proviennent de chez ZF, un grand
équipementier habitués à fournir les plus grandes marques et dont la
réputation n’est plus à faire. Une boite manuelle à 5 rapports et une
autre automatique cette fois à 3 rapports sont proposées. Les boites
sont montées, accolées au moteur et c’est le différentiel avec les
disques de freins montés en sortie de chaque coté, qu’on retrouve à
l’arrière du pont alors que sur l’Alfetta, c’est le boite entière qui
est montée sur le train arrière. ZF fournit aussi une direction
assistée.

La série 1 :
La commercialisation de l’Alfa 6 début avec le printemps 1979. Un seul
moteur est disponible : le 2,5l v6 de 156 ch avec ses 6 carburateurs.
Ce moteur est associé à une boite manuelle 5 rapports ou en option à
une boite automatique à 3 rapports. Dans ces conditions la lourde
berline Alfa 6 couvre le km/DA en 30,3s avec une vitesse maxi de plus
de 200 km/h pour la boite manuelle.
Au niveau du style, on reconnaîtra facilement cette première série de
berline de face car la calandre intègre 4 feux ronds dans la plus pure
tradition sportive de la marque. Les clignotants avant débordant
largement sur les ailes, sont très agressifs. La cellule centrale
reprise de l’Alfetta, de profil trahit complètement l’origine de cette
berline. L’arrière se caractérise par ses très grands feux
rectangulaires et sans fantaisie, qui s’étirent en largeur et en
hauteur.

L’intérieur se veut fonctionnel mais surtout luxueux. La qualité des
matériaux et la finition sont en dessous de la concurrence visée mais
au dessus des standards Alfa depuis quelques années. Les sièges sont
plutôt de grands fauteuils de selon recouverts d’un très luxueux
velours. L’équipement de série comprenait les 4 vitres électriques, le
verrouillage centralisé des portes, le rétroviseur extérieur à réglage
électrique et les ceintures de sécurité pour les places arrière. Au
niveau des options, à part la boite automatique, il est possible de
commander un intérieur en cuir ou encore la climatisation.



Les premiers essais de la presse sont plutôt bons et l’auto est
convaincante. La puissance et la souplesse du moteur sont reconnues
ainsi que la tenue de route. La mécanique est bien entendu la pièce
maîtresse de cette Alfa et ne déçoit pas. Le confort est relativement
haut de gamme mais n’atteint pas les espoirs des essayeurs. Seul
l’insonorisation et le style un peu dépassé sont notés très
négativement.



La série 2 :
A partir de 1983, quelques modifications interviennent afin de
relancer les ventes de la grande berline Alfa. Il faut lui élargir la
gamme afin de toucher plus de clients potentiels car l’Alfa 6 n’est
pas facile à vendre... et se vend très mal.
Au niveau motorisation, il y a un élargissement afin d’aller plus
loin. Un v6 de 2,0l de cylindrées, dérivé du 2,5l originel ouvre la
gamme essence. Ce v6 de 135 ch est un peu court pour la lourde berline
de 1600 kg mais permet, en Italie, de contourner la loi surtaxant de
38% les moteurs de plus de 2,0l. Ce moteur ne sera pas proposé sur
tous les marchés. La consommation de cette version est plus en rapport
avec un moteur plus puissant tellement le v6 est à la peine. Le 1 997
cc est alimenté par 6 carburateurs.

Détail de l’entraînement particulier des soupapes
Le 2,5l est toujours proposé dans la gamme mais il passe à l’injection
électronique et supprime sont délicat problème du réglage et de la
synchronisation des 6 carburateurs qui continue de nos jours à donner
des sueurs froides. La puissance passe à 160 ch. Cette version
injection du 2,5l existe depuis 1981 sur le coupé Alfetta GTV6.
Un diesel fournit par VM de 2,5l pour 5 cylindres atteint une
puissance de 105 ch. La vitesse de pointe est de seulement 171 km/h
mais la consommation est en chute libre par rapport aux versions v6.
C’est LA version qui va relancer un peu les ventes mais timidement...
trop pour aider complètement l’Alfa 6 de son anonymat. Ce moteur TD
est uniquement associés à une boite manuelle à 5 rapports toujours
fournie par ZF. Un gros effort a été fait afin d’absorber les
vibrations et d’atténuer le bruit et les claquements caractéristiques
des motorisations diesel. La colonne de direction est en 3 parties
avec un système anti-vibratoire, la transmission est renforcée ainsi
que le différentiel, 4 trous supplémentaires sont pratiqués dans le
pare choc avant pour améliorer le refroidissement du radiateur
d’huile… Le silence de fonctionnement est au top pour l’époque et la
conduite s’apparente à celle d’un modèle essence. Le poids
supplémentaire sur le train avant se fait sentir à la conduite mais
n’altère pas les capacités et la tenue de route de la Berline.

TD

2,5l VM TD
Au niveau esthétique, quelques modifications sont au rendez vous. Le
centre de style de Bertone est de nouveau sur les crayons en la
personne de Marcello Gandini qui essaie de donner un peu de fraîcheur
à la ligne désuète de l’Alfa 6. Le budget est limité, les
modifications le seront aussi.
Les doubles optiques rondes passent à la trappe pour des blocs
rectangulaires un peu plus dans l’air du temps mais avec un aspect
moins agressif. Les pare chocs sont entièrement revus et en
plastiques. Ils sont plus enveloppant et intègrent des spoilers afin
d’améliorer l’aérodynamisme. Les feux arrière sont à peine retouchés.
La calandre chromée, le rétroviseur extérieur tout en plastique noir
mat font partis de la dotation d’origine de tous les modèles. Les
monogrammes arrière évoluent légèrement.



L’intérieur est à peine retouché dans de menus détails. Les garnitures
sont modernisées et si le dessin général ne change pas ce sont les
couleurs plus sombres de la planche de bord qui font la plus grosse
différence.


Caractéristiques techniques :
Alfa 6 2,5l v6 : 6 cylindres en V de 2492 cc alimenté par 6
carburateurs simple corps pour 156 ch, couple maxi de 224 Nm. Boite
manuelle à 5 rapports ou automatique à 3 rapports en option.
Alfa 6 2,5l v6 ie : 6 cylindres en V de 2492 cc alimenté par une
injection Bosh électronique pour 160 ch, couple maxi de 215 Nm. Boite
manuelle à 5 rapports ou automatique à 3 rapports en option.
Alfa 6 2,0l v6 : 6 cylindres en V de 1997 cc alimenté par 6
carburateurs simple corps pour 135 ch, couple maxi de 178 Nm. Boite
manuelle à 5 rapports.
Alfa 6 2,5l TD : 5 cylindres en V de 2494 cc alimenté par 1 injection
pour 105 ch, couple maxi de 206 Nm. Boite manuelle à 5 rapports.
Les chiffres de production :
Alfa 6 2,5l v6 (boite manuelle) série 1 : 4 886
Alfa 6 2,5l v6 (boite auto) série 1: 900
Alfa 6 2,5l ie v6 (boite manuelle) série 2 : 1 111
Alfa 6 2,5l ie v6 (boite auto) série 2 : 76
Alfa 6 2,0l v6 : 1 830
Alfa 6 2,4 TD : 2 730
Production totale : 11 533

Série 1 à gauche, série 2 à droite.
A noter que 7 exemplaires ont été préparés pour les USA mais il n’y
eut pas de suite.
La production stoppe pour 1986 mais certains modèles seront encore
vendus pendant 1987 dans certains pays (à l’Est surtout) sur stock.
L’arrivée de l’Alfa 90 à partir de 1984, avec une palette de moteur
plus large encore et un prix inférieur n’a peut être pas aidé la fin
de carrière de la berline Alfa 6, même avec l’arrivée d’un
motorisation diesel pour gros rouleurs.
Une des Alfa 6 produite est devenue particulièrement célèbre, non pas
parce qu’elle est exposée à présent dans la musée d’Alfa Roméo à Arese
en Italie, mais parce qu’elle a appartenue au pape avant d’être
remisée ainsi.

Collection de berlines 6
La Delfino :
La Delfino est un coupé dessiné par Bertone sur la base d’une Alfa 6.
Sa présentation à lieue durant le salon de Genève 1983. L’objectif est
de retrouvé le coté GT (Gran Turismo) dans un coupé italien.




Si le style Bertone des années 70 est bien présent on retrouve sous ce
coupé 2 portes, le chassis de l’Alfa 6 avec son moteur de 2,5l 6
cylindres en V à l’avant pour des roues arrière motrices. Dans ces
lignes, on commence à apercevoir le style de futurs modèles signés
Bertone comme la BX et la XM pour Citroen. Que des lignes tendues et
des arêtes vives, pas une seule courbe.
Aux manettes du design, ou retrouve un certain Marc Deschamps, un
français déjà vu chez Peugeot, puis Renault et Alpine.


Ce coupé est une stricte 2 places malgré sa belle corpulence mais
l’habitacle est très généreux pour ses 2 uniques occupants. Le coffre
est lui aussi gigantesque. Les mensurations de ce coupé sont de 4,14m
de long pour une largeur de 1,83m. La hauteur est très faible avec
seulement 1,18m.
L’intérieur se veut en avance sur son temps et veut donner
l’impression d’être un cockpit d’avion. On est loin des canons
stylistiques habituels des Alfa Roméo mais la touche Bertone est par
contre très présente.

Le moteur embarqué ainsi que la technique sont directement repris de
la berline Alfa 6 : le moteur est donc le v6 dans sa version 160 ch
alimenté par une injection.
Si l’instrumentation est très complète la lisibilité et l’ergonomie
n’est pas évidente. Des cadrans digitaux, très tendance, design et
technologique en cette époque, jonchent le tableau de bord mais de
façon un peu anarchique.
Le style général de l’intérieur est à l’image de la carrosserie : très
futuriste et très éloigné des habitudes stylistiques des Alfa Roméo.

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