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Bâti en
force, le port de tête un rien arrogant, Enzo Ferrari imposait immédiatement
le respect. Il n’attirait guère l’affection et il s’en moquait bien. Il
savait cependant se faire charmeur pour servir ses intérêts et devenait un
irrésistible séducteur en compagnie des jolies femmes.

L’homme
possédait l’art de la mise en scène, magnant l’humour et le cynisme, pouvant
piquer de grosses colères, sincères ou admirablement feintes. Dur, fier et
orgueilleux, parfois même vaniteux, son autorité frisait le despotisme,
autant de qualités et de défauts qu’il mettait au service de sa passion
dévorante et exclusive pour la course automobile.
Ainsi, la
Scuderia sera de son vivant l’âme de Maranello et la production de GT de
série, une simple nécessité financière. Pendant les premières décennies de
la marque, chaque Ferrari de route sera virtuellement unique et devra
ressembler le plus possible à une Ferrari de course. Sauvages, capricieuses,
peu confortables mais racées, elles livraient souvent plus de contraintes
que de joie à leurs propriétaires. Pour Enzo Ferrari, elles devaient être la
référence absolue en matière de voiture de sport et les heureux élus
n’avaient d’autres choix que de se montrer à la hauteur de cette exigence.
Si avec le temps, il accepta quelques concessions en matière de confort,
d’équipement notamment pour satisfaire le marché américain, il resta
cependant le seul maître à bord.
Il en
alla de même quand Fiat prit une importante participation financière en
1969. Il composa avec le géant de Turin, lui délégua une partie de la
gestion de la production mais demeura longtemps inflexible sur des choix
techniques.

Quand on
évoqua devant M. Ferrari, et avec prudence pourtant, le succès de la
Lamborghini Miura à moteur central, alors qu’il venait de lancer la Daytona
avec un traditionnel V12 placé à l’avant, il tonna une nouvelle fois. "Les
chevaux sont faits pour tirer la charrette, pas pour la pousser !"
déclara-t-il, mais ce Florentin en diable avait déjà prévu l’avenir avec la
magnifique petite Dino à moteur central… Si à la fin de sa vie, il se mura
dans la solitude, il n’en resta pas moins toujours très bien informé par une
petite cour de fidèles et son magnétisme intact inspira encore les
ingénieurs et les hommes des bureaux d’études. Après sa disparition, Ferrari
placé sous le contrôle total de Fiat a su néanmoins préserver son fabuleux
héritage. Le mythe est plus vivant que jamais et une Ferrari inspire
toujours la même émotion.

Pendant
les trois premières décennies de son histoire, Ferrari a baptisé ses modèles
selon une méthode peu conventionnelle. L’appellation prenait en compte la
cylindrée unitaire de chaque cylindre ; Exemple : la 166 à moteur V12 de
1992 cm3 tient son nom de la division (1992 : 12=166).
Par la
suite, Ferrari adoptera d’abord pour ses monoplaces un autre système de
numérotation. Exemple : 246 F1 signifie 2.4 litres et 6 cylindres. Cette
systématique s’étendra ensuite pour les voitures de production. Exemple :
328 (3,2 litres/ 8 cylindres). Pour tout simplifier, Ferrari est revenu à la
numérotation originelle à l’aube des années 90 avec notamment le modèle 456,
puis à une simple ! référence à la cylindrée (550 pour 5.5 litres).
De plus,
Ferrari fera suivre cette numérotation d’un certain nombre d’initiales
faisant souvent référence à la course : MM pour Mille Miles, LM pour Le
Mans, etc… Enfin, l’appellation Testa Rossa fait référence à une culasse
peinte en rouge apparue sur les modèles compétition en 1956.
Histoire du logo : le cheval d’orgueil

"Peins
les couleurs de mon fils sur ta voiture, elles te porteront bonheur" aurait
dit le comte Barraca à un jeune pilote nommé Enzo Ferrari. Nous sommes alors
en 1923 et le cheval cabré qui figurait sur l’avion de Francesco Barraca,
l’as de la chasse italienne disparu au combat, est encore dans toutes les
mémoires. Enzo Ferrari adopte donc le " Cavallino rampante " (cheval cabré
en italien), noir sur un fond jaune rappelant les couleurs de Modene. Ce
blason où apparaît aussi S/F (pour Scuderia Ferrari) se retrouve d’abord sur
les cockpits des Alfa Romeo alignées par Ferrari entre 1929 et 38, puis sur
les Ferrari de course à partir de 1947. A la même date, Enzo Ferrari devenu
constructeur (en petite série) reprend également le cheval cabré comme
emblème officiel de la marque. Le "Cavallino" noir est alors inséré dans un
rectangle jaune vertical surmonté des couleurs italiennes (vert/blanc/rouge)
et portant le nom Ferrari dans sa partie inférieure.
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